
La traductora francesa Jeanne-Marie Dineur está actualmente traduciendo al francés mi poemario Anacronía (Valparaíso, 2020). Aquí os dejo dos poemas.
PAROLES DE PAPIER
Je cherche des paroles
pour désigner cette douleur
qui se réveille
dans un catalogue de voix muettes,
sentiments immiscibles qui flottent dans l’eau
fétide qui m’anéantit.
Je cherche des paroles
pour désigner le papillon
qui vole loin, si loin de ces pages
vraies et érudites,
glacées comme le papier
qui me coupe les doigts.
Je cherche des paroles qui t’invoquent,
des paroles qui
sentent comme toi,
sonnent comme toi,
séparent de toi,
mais les lettres partent en fumée
et le feu s’embrase tellement
qu’on ignore si la sorcière qui crépite
incarnera ton visage ou le mien.
JAMAIS
L’oubli est cet oiseau qui vole
sous terre
disparu dans les racines infinies
de l’arbre sans feuillles.
L’oubli est cette vieille dame aux yeux vides,
les araignées qui tissent de nouvelles paupières
fermées, ces nouveaux gobelins
qui ourdissent la brume
dans les branches du mythe
L’oubli est cette dent qui lance la nuit
qui saigne moribonde,
qui verse des larmes noires
qui ne se voient pas mais qui crient
sans voix et qui brûlent humides
profondément, très profondément….
Qui est aux antipodes de qui
si tu as sauté à la mer depuis cet arbre,
tu es sorti de la carte sans laisser
même d’empreinte à ce vide?
Le souvenir est l’ombre
grossièrement réparée aux chevilles
et l’oubli la pierre
qui ne cesse jamais de tomber.